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REGISTRES DU BUREAU
[i 5.7.]
Ce faict, lesd, sieurs Conseillers et bourgeois se seroient retirez, demourant tousjours led. seigneur Prevost et aucuns desd, seigneurs Eschevins au Bu­reau de lad. Ville, pour preparer et donner ordre à tout ce qui estoit necessaire pour retenir et faire contenir en son debvoir et obeissance ung tel effréné et menu peuple, que celluy qui s'estoit le jour pre­cedant lant oublyé que de s'eslever contre les mi-nislres de la justice, preposez pour le service de Sa Majesté, tuition, deffence et conservation d'icelle Ville.
12. — [Mesures prises dans la nuit du 9 au 10 décembre.]
(A, fol. 250 r°; B, fol. i74 v°.)
Ceste nuict, environ la minuict, mond, seigneur le Prevost des Marchans, accompaigné de l'ung desd, sieurs Eschevins et de environ vingt cinq ou trente desd, archers, arbalestriers et harquebouziers, qu'ilz avoient lire dudict Hostel de Ville, feit la ronde par icelle Ville, où ne fut trouvé aulcun faisant en-treprinse contre la volunté du Roy. Et estans de retour en l'Hostel d'icelle Ville, où estoit bon nombre desd, archers et aultres, fut ordonné que pour le lendemain ilz logeroient avec leurs chevaulx en aul­cunes hostelleries de cestedicte Ville, aux despens d'icelle Ville, pour estre plus près el à propos pour, si besoing estoit, les trouver et employer à l'effect dessusd ict.
Ce faict, leur fut baillé pour logis, assavoir au cappitaine des arbalestriers, sergens et chevaulx, l'hoslellerye du Mouton, assize au Cymetiere Sainct Jehan; cappitaine des harquebuziers et sa compai-gnye, rue Sainct Anthoine, à l'enseigne de l'Ours; et le cappitaine des archers, rue Mortellerye, à l'en­seigne du Heaulme; qui y feurent jusques au len­demain mardy midy, aux despens d'icelle Ville'1'.
Advenant l'heure de six heures du matin, mesd.
seigneurs feurent par devers Monsieur le Prevost de Paris, à Petit Pont et autres lieux, ainsi qu'il est contenu au discours qu'ilz en ont dressé et par eulx envoyé à Sad. Majesté, avec lettres à elle adressans, ensemble à la Royne sa merc, à Monseigneur le duc d'Anjou, et à Monsieur Pinart, Secretaire d'Estat et de ses finances, cy après transcriples.
13. — [Lettres de la Ville au Roi, À la Reine, au duc d'Anjou et à M. Pinart.] >
io décembre 1571. (A, fol. 25o r°; B, fol. 175 r°.)
tt Sire, depuis l'advis que nous avons donné à Vostre Majesté de ce qui s'est passé jusques à sabmedy dernier, nous avions pensé que l'esmeutte debvoit cesser, tant au moyen de la publication que Mon­sieur le Prevost de Paris ou son Lieutenant debvoient faire, comme par l'establissement qui avoyt esté ad­visé pour empescher toute esmotion. Toutesfois, après que led. sr Prevost de Paris et ses Lieutenans et nous eusnies communicqué ensemble, et presenté tous noz moyens et forces, et icelles conduictes par tous les carrefours de vostredicle Ville pour l'effect de lad. publication, laquelle fut faicte sans aulcun bruit ne esmotion, nous eusines après advis comme les gens du Guet, qui estoient à l'entour du Cyme­tiere des Sainctz Innocens, feurent chargez par le peuple à coups de pierres, de telle façon qu'ilz feu­rent contrainctz de eulx deffendre avec la force qu'ilz avoient, et y résistèrent le mieulx qu'ilz peurent. Toutesfois ilz feurent chargez de telle furye qu'ilz furent contrainctz habandonner la place, et partie des gens de pied contrainctz eulx saulver dedans l'eglise Sainct Saulveur'2).
"Et quant à nous, qui estions de retour de lad. publication, avec quelque petit nombre de noz gens qui n'avoient que l'espe'e ct la dague, alors que pen-sasmes nous ralier, feurent noz gens, par lesquelz nous envoyons querir noz forces, chargez de telle façon
'"' Une somme de a3o livres fut allouée aux trois capitaines, pour leurs dépenses pendant ces deux journées : à Jean Ragueneau et Guichard Grandrémy, à chacun 80 livres, et à Pierre Duru, 70 livres, tant pour eux que pour leurs compagnies, et -subvenir aux frais "et despences par eulx et leurs chevaulx faictz durant les jours de lundi et mardi, que les aurions relenuz pour empescher qu'il n'advint "aucune sédition ou insolence en cestedicte ville, et. iceulx logez et mis en garnison, c'est assavoir icelluy Ragueneau en l'hostellerie du «Mouton blanc, au Cimeteire Sainct Jehan, Du Ru en l'Iiostellerie du Heaulme, rue du Heaulme, et Grandremy ou son lieutenant à -l'enseigne de l'Ours, rue Sainct Anthoine.. . Donné au Bureau, le xn* jour de Decembre mil v° soixante et unze». Signé : "Marcel, Bouquet, de Cressé, Leclerc, Lescalopier-. Celte ordonnance de payement, adressée au Receveur François de Vigny, porte au dos la quittance des trois capitaines en date du 17 décembre. (Originaux, Archives nat., H 2o652.) On remarquera que la rue où se trou­vait l'hotel du Heaume est appelée indifféremment de la Mortellerie ou du Heaume.
'-' Dans l'église Saint-Leu et Saint-Gilles, rue Saint-Denis, suivant la relation de Jehan de la Fosse. Il ajoute qu'ils mirent leurs arquebuses et morions dans le vestiaire de ladite église el furent méme contraints de se déguiser, dans la crainte d'étre reconnus par les émeutiers. (Journal d'un curé ligueur, p. 1 36.)